La métamorphose d'une sculpture


 

Alain Choisnet sculpte ses modèles principalement dans l’argile. Elle est ensuite confiée à une fonderie d’art qui va la transformer en bronze. Plusieurs métiers interviennent dans cette réalisation. En quête constante de la meilleure qualité, il peut intervenir lui-même à différentes étapes du processus en plus du soin apporté par la fonderie.

 


La technique de la fonte du bronze à la cire perdue

Utilisé depuis plus de 5 000 ans, le bronze est un alliage de cuivre et d’étain. La technique dite « à la cire perdue », encore pratiquée aujourd’hui, permet de reproduire une sculpture en bronze avec une fidélité remarquable. Chaque fonderie a ses particularités, mais les grandes étapes sont similaires.

 


Le moulage

Une empreinte en silicone en deux parties est réalisée directement sur la sculpture à reproduire (en plâtre, en argile, en cire...), parfois après l’avoir découpée en plusieurs éléments. Ce moule est ensuite renforcé d’une coque en plâtre (ou en résine) pour qu’il ne se déforme pas. Sa qualité est déterminante : c’est lui qui permettra de produire les exemplaires limités du modèle original (huit exemplaires plus quatre épreuves d’artiste).

 

Le cirage

 

L’argile est retirée et le moule soigneusement tapissé de cire liquide, qui définit l’épaisseur du futur bronze. Des bâtonnets de cire – les canaux d’alimentation – sont fixés et reliés à un cône de coulée. L’ensemble est ensuite rempli d’un plâtre réfractaire.

 

Les retouches

La « sculpture de cire », dotée d’un noyau en plâtre, est extraite pour corriger d’éventuelles déformations et supprimer les lignes de joint. De nouveaux jets et des évents (pour l’évacuation des gaz) sont ajoutés, tandis que de petits clous maintiennent le noyau en place.

 

Le moule de potée

La pièce en cire est recouverte de plusieurs couches de plâtre réfractaire qui en captent chaque détail : c’est le moule de potée.

 

L'étuvage

 

Le moule est chauffé lentement : d’abord à 300 °C pour faire fondre et évacuer la cire (décirage), puis à 600 °C pour cuire et durcir la potée, capable de recevoir le métal en fusion.

 

La coulée

 

Enterré dans du sable, le moule est rempli de bronze liquide porté à environ 1 200 °C.

 


Le décochage

Une fois refroidi, le moule réfractaire est cassé ; le noyau interne est retiré et les canaux désormais en bronze sont sciés. Contrairement au premier moule en silicone, ce moule ne servira qu’une seule fois.

 

La ciselure

 

Vient alors le travail minutieux de ciselure : suppression des excédents, rebouchage des pores, soudure éventuelle de plusieurs parties et polissage. Le bronze apparaît alors dans son éclat doré. Le nom de l’artiste, le numéro d’édition, le cachet de la fonderie et l’année sont poinçonnés à la base.

 

La patine

 

Comme le bronze est riche en cuivre, il s’oxyderait naturellement à l’air et à l’humidité, prenant avec le temps une teinte verte caractéristique, le vert-de-gris. Pour maîtriser cette transformation, la sculpture est patinée à chaud : des acides appliqués au pinceau réagissent avec le métal et créent une palette de nuances selon l’oxydant et la température. Une fine couche de cire ou de vernis fixe ensuite la patine et préserve l’éclat de l’œuvre. Après un dernier lustrage, la sculpture révèle toute la richesse de ses reliefs, prête à être admirée.